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La table à manger, une rareté historique.

La table à manger, une rareté historique.

Publié le 22/12/2011 - Mis à jour le 16/01/2017
Est-ce l’envie d’un retour à la simplicité, d’imiter les Anglo-saxons, ou toute autre raison culturelle, qui conduit les Français à bouder de plus en plus la table familiale au moment des repas au profit d’un coin de siège ou d’un plateau posé sur les genoux ?

Est-ce l’envie d’un retour à la simplicité, d’imiter les Anglo-saxons, ou toute autre raison culturelle, qui conduit les Français à bouder de plus en plus la table familiale au moment des repas au profit d’un coin de siège ou d’un plateau posé sur les genoux ?

 

Mais, pour utiliser une locution immonde qui suggère que c’est le meuble que nous allons déguster, la table à manger a-t-elle toujours fait partie de notre quotidien ? Rien n’est moins sûr comme nous allons le découvrir à travers les âges.

 

Au passage, certains latinistes ne manqueront pas de s’étonner que le vocable soit emprunté au latin tabula, qui signifie planche de bois, alors que le latin disposait de mensa, la table ! Tout simplement parce que les tables, le plus souvent, étaient mobiles, formées de planches et de pieds amovibles. N’oubliez pas qu’aux temps anciens les pièces n’avaient pas d’usage différencié et qu’on pouvait s’installer pour dîner dans n’importe quelle salle. Et on comprend que l’expression mettre la table prenait alors tout son sens alors qu’aujourd’hui, avec des tables bien moins baladeuses, on doit dire mettre le couvert.

 

 

Le goût du luxe.

 

Si le citoyen grec ordinaire de l’Antiquité se contentait de quelques planches posées sur des tréteaux, les riches disposaient de véritables tables, en bois le plus souvent. Ce que reprirent les Romains patriciens avec des tables aux essences précieuses richement décorées qu’on déplaçait d’une salle à manger à l’autre, au gré des besoins et des saisons. Des tables basses autour desquelles on disposait des lits de repos car on mangeait allongé. Le summum du luxe à n’en point douter. Evidemment, le vulgaire se satisfaisait d’un plateau posé sur des pieds amovibles, appelé cilliba.

 

 

Se mettre à table.

 

Pour autant qu’on sache, nos ancêtres les Gaulois s’asseyaient par terre devant une table basse, couteau à la main, jusqu’à ce que les Romains introduisissent l’usage de manger couché. Une habitude qui ne résista pas à la chute de l’Empire au profit de tabourets installés autour de la table. Evidemment, si de nombreux convives étaient présents, on utilisait alors des bancs, ce qui explique l’origine du banquet, et on plaçait les tables en fer à cheval.

Démonstration de la symbolique du vocable, depuis toujours, on se met à table pour manger, et on quitte la table pour signifier que le repas est terminé. Des expressions qui lient forcément ce meuble au repas, une évidence uniquement pour les Européens occidentaux, bien entendu, aujourd’hui comme hier.

 

 

table

 

Un dispositif amovible.

 

En règle générale, jusqu’à la Renaissance, les tables à manger n’étaient qu’assemblages amovibles de planches qu’on rangeait après le repas. Un dispositif de fortune qu’on recouvrait d’une nappe appelée… tablier ! qui masquait tréteaux et plateaux. Evidemment, chez les manants, point de toutes ces manières. On partageait la soupe en s’installant au coin de l’âtre, sur un méchant escabeau.

 

Même si certains ouvrages du XVIIe siècle font référence à une salle à manger, rien n’indique qu’il s’agissait d’une pièce réservée à cet usage. On déplaçait le repas, et donc la table, à l’endroit le plus approprié : selon le nombre de convives, la météo, la nécessité… Quel que soit son milieu social, on se restaurait n’importe où dans la maison, une habitude qui perdurera pratiquement jusqu’au XIXe siècle.

 

 

Les pieds sous la table.

 

Ce n’est qu’au XVIe siècle que les fauteuils apparurent autour de la table, du moins pour les privilégiés. Chez qui la table à manger devint fixe, une exception toutefois. De façon anecdotique, ce fut aussi à cette époque qu’on cessa de s’essuyer les doigts sur la nappe au profit de serviettes. On usait de couteaux et de cuillères et enfin de vaisselle, mais il faudra attendre Catherine de Médicis pour que la fourchette apparût, munie de deux dents seulement. Les couverts devinrent alors individuels alors que, jusque-là, ils s’échangeaient entre convives. Ce qui n’empêcha pas l’habitude de manger avec les doigts de perdurer, notamment dans les basses couches sociales.

 

 

table

 

Faire table rase.

 

C’est au XVIIIe siècle que les tables de salle à manger, telles que nous les entendons aujourd’hui, apparurent aux côtés des innombrables mobiliers nécessaires au service : table d’office, de cuisine, desserte et autre servante. Les buffets-vaisseliers remplacèrent les dressoirs et les crédences d’antan. Puis, au siècle suivant, ce fut l’apparition des appartements avec leur pièce dédiée aux repas, la salle à manger et son incontournable table familiale. Dont notre époque contemporaine semble sonner le glas au profit d’un grignotage hyperlipidique typiquement anglo-saxon sur un coin de table basse.

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