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Huissier, une profession méconnue (2)

Huissier, une profession méconnue (2)

Publié le 24/08/2011 - Mis à jour le 24/11/2016
Aboutissement d’une profession qui connut une longue histoire depuis l’antiquité romaine, l’huissier a subi de nombreux avatars au fil des siècles, qui l’ont fait exécuteur de basses œuvres parfois, auxiliaire de justice souvent, chargé de faire respecter l’ordre dans les cours de justice, au même titre que le bedeau dans les ordres ecclésiastiques ou l’appariteur au sein des universités.

Aboutissement d’une profession qui connut une longue histoire depuis l’antiquité romaine, l’huissier a subi de nombreux avatars au fil des siècles, qui l’ont fait exécuteur de basses œuvres parfois, auxiliaire de justice souvent, chargé de faire respecter l’ordre dans les cours de justice, au même titre que le bedeau dans les ordres ecclésiastiques ou l’appariteur au sein des universités.

Ce qui lui valut une notoriété peu amène auprès du grand public en dépit d’une vraie volonté de pédagogie et de modernité depuis quelques décennies.

 

 

 

 

La profession s’organise.

 

Car rapidement les huissiers des tribunaux et des audiences, exécuteurs des décisions de justice, souhaitèrent se distinguer des sergents chargés des basses besognes.

 

Huissier

 

 

Ainsi, dès le XVe siècle, ils revêtirent une livrée rayée, portèrent tonsure, brandissant la verge symbole de leur état, une baguette de bois de trente centimètres, plus ou moins ornée. Au siècle suivant, ils abandonnèrent le port d’un costume distinctif pour ne plus porter qu’un écusson aux armes de France sur l’épaule et leur indispensable verge.

 

Pourtant, il faudra attendre Richelieu pour que le pouvoir central organise la profession, puis le début du XVIIIe siècle, pour qu’ils se réunissent en un seul corps sous le titre unique de huissier, avec un numerus clausus car la charge s’achète depuis Philippe le Bel.

 

 

 

 

La Révolution passe, les huissiers restent.

 

Evidemment la Révolution tentera de mettre fin aux privilèges des huissiers, notamment celle de transmettre leur charge, les associant à tous ces brigands enherminés, comme le proclamait Camille Desmoulins, ou les dénonçant comme la clique des suppôts de la chicane selon Marat qui s’en prenait à tous les gens de justice royale. Apparemment sans grand succès puisque la profession fut rétablie dès le premier Empire.

 

Ce fut finalement en 1813 qu’un décret ordonnança le corps des huissiers tel que nous le connaissons aujourd’hui, les réunissant en une même communauté, leur conférant le droit d’exploiter concurremment dans le ressort du lieu où ils sont rattachés, officiers ministériels chargés de signifier et de faire appliquer les décisions de justice. Abandonnant, au passage, leur longue verge distinctive.

 

 

 

Objet du ressentiment populaire.

 

Au sein de l’appareil judiciaire, l’huissier fut et reste la cible de toutes les colères ; paradoxalement parce qu’il est le plus proche des citoyens, de leur quotidien, et que contrairement à l’avocat, il ne bénéficie pas de l’image de défenseur de la veuve et de l’orphelin. Ce que bon nombre d’auteurs, eux-mêmes confrontés aux huissiers chargés de recouvrer des créances, se sont fait un malin plaisir à décrire avec force… charges. A n’en pas douter, l’huissier est un infâme qu’il faut discréditer, ce que Racine n’a pas manqué de souligner dans Les Plaideurs, tout comme Molière qui, dans Tartuffe, fait Dorine se moquer de l’huissier, monsieur Loyal, qu’elle juge bien déloyal.

 

 

 

huissier

 

De Baudelaire à Flaubert…

 

Les auteurs du XIXe siècle s’en sont également donné à cœur joie avec Alfred de Musset qui évoque le seul être qui s’engraisse des plaies de la société comme le corbeau des corps d'un champ de bataille ; ou Balzac qui fait de l’huissier Tabareau le rançonneur de Schmucke, l’émouvant héritier du cousin Pons. Zola n’hésite pas à surenchérir en parlant, dans L’Argent, de messieurs très sales, peut-être des bandits, rejoint en cela par Baudelaire qui, dans La Chambre double, y voit un spectre qui vient le torturer au nom de la loi. Et comment ne pas citer Flaubert qui, dans Madame Bovary, parle des doigts rouges et mous comme des limaces de l’huissier Hareng qui poursuit l’amante délaissée jusqu’à sa mort.

 

 

 

Cadet Roussel.

 

Et je ne saurai terminer cette évocation des huissiers à travers les âges sans rappeler la gloire posthume de Guillaume, cadet de la famille Roussel, cet huissier d’Auxerre dont la postérité fut assurée par un chant révolutionnaire sur l’air de Jean de Nivelle, une ritournelle alors populaire. Une chanson, Cadet Roussel, qui le tourne en dérision (c’est un huissier !) que les volontaires auxerrois emportèrent avec eux en 1792 lors de la guerre contre l’Europe coalisée face à la France révolutionnaire et que les soldats de l’armée du Nord reprirent avant qu’elle ne se répande dans tout le pays. Pourtant, la réalité historique oblige à préciser que le cadet Roussel n’avait que deux maisons, et non pas trois !

 

Voir également la première partie.

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