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Les meneaux, à la croisée des baies.

Les meneaux, à la croisée des baies.

Par Pierre Grammat
Publié le 02/12/2010 - Mis à jour le 08/02/2013
Depuis qu’on s’est mis en tête de fermer les baies de nos murs d’habitation, histoire de ne pas vivre à tous vents, on n’a eu de cesse d’enjoliver et d’anoblir ces vulgaires ouvertures murales bassement utilitaires.

Depuis qu’on s’est mis en tête de fermer les baies de nos murs d’habitation, histoire de ne pas vivre à tous vents, on n’a eu de cesse d’enjoliver et d’anoblir ces vulgaires ouvertures murales bassement utilitaires.

 

 

Et bien avant qu’on ne s’avise de produire en série de belles vitres transparentes, les architectes ont rivalisé d’ingéniosité, et de sens artistique, pour en agrémenter le style. Evidemment, il n’est pas de notre propos, ici, de rédiger un précis d’architecture à l’usage des techniciens en blouse blanche mais plutôt de nous permettre d’éviter le trope qui sème la confusion !

 

 

Etymologiquement, le vocable « meneau » provient très simplement d’une forme ancienne de « moyen » elle-même issue de medius qui signifie « qui est au milieu, qui divise », ce qui ne manque pas de sens puisque notre meneau, justement, divise une baie en plusieurs compartiments. CQFD. Mais voilà qui induit un petit rappel de l’usage de ces meneaux et, au passage, l’opportunité de souligner quelques erreurs sémantiques trop souvent rencontrées.

 

 

 

 

 

Meneaux

 

La politique de l’ouverture.

 

Mais de quoi s’agit-il exactement ? D’une baie, c’est-à-dire une ouverture pratiquée dans un mur, dont le vide est divisé par une traverse et/ou un montant, des éléments respectivement horizontal et vertical formant meneaux. En sachant que seule la traverse est encastrée dans le mur de part et d’autre de la largeur de la baie pour des raisons évidentes de solidité et de soutènement ; alors que le montant, qui ne soutient rien, n’existe que pour des raisons esthétiques voire pour servir de support au châssis des fenêtres à venir.

 

 

Petite digression au passage : attention à ne pas confondre le meneau avec le linteau qui, lui, forme la partie supérieure d’une fenêtre, d’une porte, d’une cheminée, et soutient, le cas échéant, la maçonnerie. Un linteau formé d’une poutre, d’un rail métallique, d’une pierre, cela varie selon les époques, ce qu’a oublié notre bon roi Charles VIII, fils de Louis XI, qui mourut d’avoir heurté de plein fouet le linteau d’une porte trop basse ! C’est ballot…

 

 

 

 

Clairvoyant.

 

Mais revenons à nos meneaux qui, dès la fin du XIIIe siècle jusqu’au XVIe, diviseront l’ouverture murale en deux ou quatre fenêtres. Et ce, pour une raison bêtement pratique : il était difficile, pour ne pas dire impossible, de concevoir des fenêtres (à savoir un bâti recevant un battant ou une vitre) de grande taille.

 

Jusqu’au haut Moyen-Age, les baies se voyaient dépourvues de vitres et on disposait des claires-voies pour réduire la lumière, le vent ou la pluie à l’intérieur du bâtiment. Ce n’est qu’au XIe siècle qu’on commença à garnir les baies de vitrage, en l’occurrence des vitraux. Mais les ouvertures s’étant agrandies au fil du temps par la grâce du style gothique, il fallut les diviser car les vitrages d’époque, avec leur montage en barlotières de fer, n’auraient pu résister aux intempéries. On créa donc ces divisions, les meneaux, qui se transformeront, dès le XIIIe siècle, en efficaces châssis de pierre. Un style typique du gothique qui connaîtra une véritable révolution à la Renaissance avec l’apparition des croisées.

 

 

 

 

 

Meneaux

 

 

 

La croisée.

 

Ancêtre de notre fenêtre actuelle, cette pièce architecturale, généralement en bois mais aussi en pierre ou en métal, divise la baie en symbolisant la croix chrétienne. Evidemment, on ne fractionne pas cette ouverture de n’importe quelle façon, le nec plus ultra voulant qu’on utilise pour ce faire les règles du nombre d’or, ce nombre mythique après lequel les plus ingénieux et les plus fous coururent, d’Euclide à Le Corbusier en passant par Léonard de Vinci, et dont je vous épargne ici l’algorithme.

 

Dans son acception moderne, la croisée désigne le châssis qui reçoit les deux vantaux servant à fermer une baie, formant une fenêtre à deux battants ; rien que de très banal, donc.

 

 

 

 

 

Conclusion

 

Evidemment, aujourd’hui, ces considérations ne revêtent plus guère d’importance car nul ne songerait à parer ses fenêtres de meneaux ! D’abord parce que cela induirait un important surcoût de maçonnerie uniquement pour des besoins esthétiques mais surtout que cela compliquerait sérieusement la pose de fenêtres vitrées isolantes et pratiques à ouvrir et à fermer ! Quant au terme « croisée », il n’est plus guère utilisé aujourd’hui qu’en littérature pour faire allusion à une simple fenêtre…

 

MeneauxEn revanche, si vous acquérez une très ancienne demeure, ne vous laissez pas abrutir de discours ronflants sur les meneaux que comporterait la bâtisse et assurez-vous, à la lueur de ce que nous venons de voir, qu’il s’agit bien de meneaux d’une part, et qu’ils sont bien d’époque d’autre part. Il semble si simple de faire couler un peu de ciment pour former croix au centre d’une baie…

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